Prokofiev : Roméo et Juliette, Suites n°1 op 64bis et n°2 op 64ter (extraits) (OP de RF / Chung)
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 Published On Sep 11, 2024

L'Orchestre philharmonique de Radio France joue, sous la direction de Myung-Whun Chung, les deux suites extraites de Roméo et Juliette de Prokofiev.
Concert enregistré le 4 décembre 2020, Grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris.

Premier ballet soviétique de Serge Prokofiev, Roméo et Juliette est le plus populaire des sept ouvrages chorégraphiques qu’il a laissés et, au-delà, avec Pierre et le Loup, l’une de ses œuvres les plus célèbres. Il la compose en 1935 en pleine nature, à Polenovo, résidence pour les artistes du Bolchoï, alors qu’il a pris la décision de se réinstaller l’année suivante en URSS. Plus tard, l’amertume viendra, mais pour l’heure, les retrouvailles avec la Russie sont la source d’un indéniable élan créateur.

Prokofiev a reçu la commande de Roméo et Juliette du Théâtre académique d’État de Léningrad fin 1934. Le projet était porté par le metteur en scène Serge Radlov. Connaissance de longue date de Prokofiev, proche comme lui de Meyerhold, Radlov avait mis en scèneL’Amour des trois oranges à Léningrad, dans une pro-duction que Prokofiev avait pu voir en 1927. Shakespeare était à la mode alors en URSS : Prokofiev, qui avait déjà composé une musique de scène pour la pièce Antoine et Cléopâtre, accepta le projet avec enthousiasme. La suite fut une série de péripéties inattendues : abandon du contrat par le Théâtre d’État de Léningrad après l’assassinat mystérieux de Kirov, reprise du projet par le Bolchoï de Moscou, achèvement du livret et de la partition, et nouveaux problèmes. Les danseurs du Bolchoï refusèrent la partition, trop complexe rythmiquement à leurs yeux, tandis que les spécialistes russes de Shakespeare s’indignaient, parce que Prokofiev et Radlov avaient conçu une fin heureuse pour le ballet, où ni Juliette ni Roméo ne mourait. « Les raisons de cette espèce de barbarisme étaient purement chorégraphiques, raconta plus tard Radlov : les vivants peuvent danser, les morts non. La justification était que Shakespeare lui-même n’était jamais tout à fait certain des dénouements de ses pièces (Le Roi Lear). » Il fallut donc faire mourir les amants dans le livret et la partition. Même ainsi, le ballet ne fut dansé en URSS qu’en 1940, à Léningrad. Il avait été créé entre temps, en 1938, en Tchécoslovaquie.

Rien de ces tribulations ne se devine à l’écoute de l’œuvre, vaste partition d’une incroyable imagination de thèmes et de rythmes, portée par un souci constant de l’unité dramatique. Loin des ballets brefs composés à Paris pour Diaghilev, Prokofiev s’inscrit ici dans le sillage de Tchaïkovski : par la durée de Roméo et Juliette (deux heures et demie), le lyrisme ample, et par l’usage des leitmotive. Dès Le Lac des cygnes, son premier ouvrage chorégraphique, Tchaïkovski avait utilisé des motifs à la manière de Wagner, pour donner au genre du ballet une intensité dramatique égale à celle de l’opéra. Prokofiev fit de même dans Roméo et Juliette, concevant plusieurs motifs pour les personnages principaux et les faisant varier selon l’action ou l’état psychologique.

Si le ballet dure une soirée entière de spectacle, on n’y trouvera pour autant aucune longueur. Prokofiev y enchaîne les numéros comme les séquences d’une bande originale de film. Certaines pages, telle la mort de Tybalt, annoncent d’ailleurs les musiques que Prokofiev écrira bientôt pour Serge Eisenstein. « Je me souviens avec émerveillement de la musique qui devait accompagner la dispute entre les deux maisons, Montaigus et Capulets, écrit le peintre Kontchalovski dans ses Souvenirs d’un ami. J’exprimai le regret que cette musique magnifique soit si brève. Je priai Prokofiev de la faire durer un peu. Il répondit que rien ne devait être tiré en longueur : « Il ne faut pas abuser des bonnes choses. » Le laconisme était le propre de sa musique autant que de sa pensée. Son invention, riche et généreuse, condense le matériel musical, resserre le contenu. Dans chacun des actes de Roméo, il y a de quoi faire tout un ballet. »

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